Réflexions

L’art contemporain et l’art sacré

“C’est à partir d’une réflexion sur moi-même et sur le ou les sens du sacré dans ma démarche personnelle et de sculpteur que la question du sacré dans l’acte de création artistique contemporaine. Ce qui m’intéresse entre le contemporain et le sacré c’est la place de l’Homme comme acteur –créateur en recherche permanente d’équilibre et oscillant entre le permanent et l’impermanent. L’art contemporain n’est-il pas un moyen entre autre de s’interroger ou d’interroger le lecteur des oeuvres à partir de moyens et d’écritures artistiques nouvelles ? La thématique du sacré est un thème récurrent. Une relecture de celui-ci à travers l’art contemporain ne permet-elle pas de resignifier à l’Homme l’importance de la sacralité dans l’ordre de la vie ? Ma sculpture, en tant qu’objet contemporain, ne s’inscrit pas comme objet (sacré–religieux) mais est le reflet d’une réflexion, d’une démarche personnelle où l’essence même de mon travail s’imprègne de miroirs culturels multiples. Ainsi mes sculptures sont une écriture sculpturale à plusieurs lectures qui cherche le regard et l’interrogation de l’autre afin d’établir un dialogue où chacun pourra ou non y voir une relecture de ce qui est de l’ordre du sacré . ”

Réflexion sur le travail de la terre

Mon oeuvre est avant tout une démarche et une rencontre avec un matériau : la terre. Adolescent, c’est l’enjeu de la vie qui me pousse à rechercher un moyen d’expression.. et la terre deviendra ce matériau privilégié, à la fois tendre et exigeant. De formation artistique libre, animateur puis éducateur, la terre est toujours présente dans ma pratique professionnelle.
En  modelant, battant, pressant, malaxant, étirant, évidant, polissant la terre, j’atteinds un style très personnel où les formes épurées répondent à des désirs profonds, voire archaïques de symboliser la vie et ses émotions à travers des représentations principalement féminines. « Le travail de la terre est une lutte entre le perceptible et l’imperceptible, entre la forme et l’informe, entre la maîtrise du matériau et la maîtrise de soi ». C’est de ce jeu incessant qu’émerge la représentation symbolique. Leur plasticité lumineuse donne envie de les toucher. Tendre et apaisante, la pureté des lignes efface pudiquement la nudité de l’être. C’est par le polissage qu’émerge une texture si particulière due à la terre chamottée. Elle rappelle la pierre comme matériau archaïque et primitif où le style insuffle une écriture moderne de la vie présente ou passée. Ces œuvres, de par leur stylisation, sont une invitation à la réflexion sur la vie et au dialogue avec soi-même…, avec son corps. Ainsi , le passage de la terre au bronze s’inscrit naturellement dans le style moderne qui affirme à la fois, par la profondeur et la luminosité de l’apport des patines une lecture chromatique à mon œuvre.